Vivre la Paix

À l’intérieur, parfois, s’installent dans le Cœur une douceur, un bien-être, une saveur qui m’incitent à mieux respirer, à me détendre et à sourire à la Vie, à accepter totalement d’être là et à me réjouir de la Traversée. Cet état intérieur a pour nom sérénité. Il est un état d’être, loin du paraître, de l’avoir et du faire.

Je ne parviens pas à cet état par l’effort de volonté, comme si je devais me rendre quelque part et mobiliser mon énergie pour cela.

La sérénité est l'état intérieur clé pour ouvrir la serrure de la porte du Cœur

La sérénité est toujours là, comme une attitude possible, et je suis toujours là, comme une expérience en train de se vivre, et parfois dans l’ouverture du Cœur nous parvenons à nous connecter ; le possible se potentialise et se réalise.

La sérénité est une mise à distance du drame et des faux enjeux. Dans ce lieu qui est souffle, ample respiration, je vois clair, j’observe le jeu, la scène qui se déroule dont je me crois l’acteur principal du point de vue personnel. Je vis cette scène, je la ressens à travers les émotions qui affluent parfois tempétueuses, et toutefois cela reste un instant présent, un nuage ou un arc-en-ciel sitôt déroulés, sitôt envolés… Les drames sont des formes enrobées que la sérénité permet d’apprécier sans s’y impliquer… Suffisamment dans l’instant présent pour que sitôt l’impulsion émotionnelle ressentie et exprimée, je m’en détache et savoure délestée le prochain épisode.

La sérénité est l’attitude qui me permet de reconnaître ce sur quoi j’ai prise et ce que je dois accepter comme conditions extérieures d’expérience, qui ne peuvent se plier à ma volonté et vis-à-vis desquelles c’est à moi de me plier, dans le sens de modifier mon regard, ma manière de percevoir le décor du jeu dans lequel je suis engagée.

Cette sérénité est air, souffle, vent, respiration. Elle est un état individuel de haute qualité pour me permettre de vivre l’essentiel, pour me rapprocher de la pleine conscience et de l’appréciation de chaque instant.

La paix, dans ma compréhension, est l’extension, la fractale de la sérénité, vécue en interaction, en relation avec mes semblables humains.

Vivre la paix, c’est déjà fiche la paix aux autres, aux semblables, à mes pairs, à ceux vis-à-vis desquels je me sens concernée et pour lesquels je voudrais que le meilleur arrive. Vivre la paix, c’est apprendre à faire confiance que la vie offre à chacun les conditions d’expérience qui lui conviennent, sans que mon grain de sel personnel n’ait à s’immiscer dedans. Cela est illustré par l’adage paradoxal « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». C’est accepter que chacun vive son chemin, à son rythme, avec ses propres besoins, moyens et résolutions ; et comprendre que la richesse de l’humanité unifiée réside précisément dans cette diversité et cette multitude de sentiers, de réponses, de moments.

La tolérance est au cœur

de la possibilité de la PAIX

Vivre la paix, c’est aussi renoncer à la guerre, à la lutte pour la ressource, à la rivalité, à l’attente d’être nourri par l’extérieur, à la croyance que je vis dans le manque et à l’addiction à la frustration permanente. C’est reconnaître tout cela comme faux, inintéressant et toxique. C’est reconnaître aussi que c’est à moi de décider de me débarrasser de tous ces paquets de vide si lourds et encombrants malgré le plein de néant qu’ils sont.

Quand j’ai déposé ces paquets, quel espace intérieur se révèle alors ! si vaste que le mouvement peut enfin se déployer dans le respect de mes rythmes réels, que l’énergie circule vive en moi, que la mélodie fondamentale de l’Âme trouve son expression essentielle ! La Paix devient ma demeure, le lieu de référence où revenir quand le tumulte m’aura décentré, le repère sur lequel m’aligner comme ancrage à la Réalité… La Paix, aspiration profonde de l’Être, qui de ce lieu déploie la Présence en offrande nourricière d’amour et de flux vital d’harmonie… La Paix, au centre, fontaine d’où jaillit la Source ici-bas…