Le retour de la Lumière
APPRÉCIER L’HIVER
Le solstice est une des périodes charnières du cycle annuel. Celle d’un retournement avec un double mouvement : le climax de l’ombre circadienne et du ralentissement de la nature ; le début du rallongement de la durée des jours.
Quand nous sommes connectés à la réalité des mouvements de la nature terrestre, l’hiver nous offre plusieurs invitations à honorer.
C’est le temps propice au repos, comme la stase végétale, où tout se joue dans les profondeurs invisibles et immatérielles : le système racinaire, la croissance des bois. Les corps demandent de la lenteur, de pouvoir se déposer, d’être moins sollicités, et moins d’action ; car durant cette saison, ça se passe en dedans.
L’hiver est une saison de régénération profonde, de dépouillement de ce qui n’a plus lieu d’être et de gestation de la forme à venir, qui jaillira au printemps prochain.
Elle est une saison austère, nous invitant à goûter le silence, l’immobilité, l’obscurité, autant de dynamiques refusées par les convention sociales actuelles qui préfèrent l’agitation, le bruit, le défilement de stimulations sensorielles et situationnelles.
Et pourtant elle est indispensable à la qualité de notre expérience. L’hiver est presque une « petite mort », un temps d’intégration profonde, de bilan, de réflexion, d’introspection, de méditation, propice aux métamorphoses réelles par l’arrêt de la course.
Savez-vous vous arrêter et entrer en vous ?
Supportez-vous le silence, le rien, le noir, l’absence de stimulation ?
Appréciez-vous d’être seul avec vous-même, sans choses à faire ni gens à voir ?
Voyez-vous la valeur de ce passage même s’il n’apporte pas de fun ni de gratification immédiate ?
Les moments « entre », les transitions, les replis, les retraits, sont les endroits les plus fertiles aux véritables changements, durables, profonds, réels, opératifs.
Pendant l’hiver on offre des cadeaux. Mais bien en amont de la frénésie consumériste obligée, il y a un sens à cela : on offre ce qu’on a reçu, ce qu’on a intégré et vécu dans l’année, on vide sa coupe, on se dénude, on se rend vierge afin de pouvoir commencer un nouveau cycle d’expériences.
On ne peut pas remplir ce qui est déjà plein ou sans fond ; un contenant doit être régulièrement collecté et nettoyé, vidé et mis à jour : les cycles saisonniers nous proposent une correspondance harmonique pour cela. En contribuant, en offrant ce dont nous sommes pleins, nous nous rendons disponibles à l’évolution de notre existence, à passer des caps et à vivre de nouvelles expériences.
Comprendre et honorer cela améliore la qualité de nos vies et de nos œuvres. Un espace-temps pour la gestation d’une nouvelle version de soi et de son apport au monde.
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