La construction du Sujet

La question du réel se pose à plein de niveaux. Là je vois l’être humain comme un SUJET EN DEVENIR, et pour le moment un pseudo-sujet tellement il est conditionné et leurré dans sa vision du réel, leurré par lui-même, leurré par son rapport ego-miroir à l’autre, et leurré par tout le conditionnement social des puissants et les patterns/matrices automatiques qui en découlent… et tout cela fait qu’on a une toute petite marge de vision réelle du monde dans lequel on expérimente.
Déjà vis-à-vis de soi-même, on va voir le réel toujours en fonction de son identité, de ce qu’on croit et considère être. Comme l’identité est plastique, malléable, selon les casquettes dont on va se coiffer au fil de sa journée, on va voir depuis ces casquettes, à travers l’identité associée à ces casquettes. Donc par moments on va voir le monde par exemple depuis le rôle de parent, puis au contraire depuis ce qu’on se raconte de sa blessure d’enfance par rapport à ses propres parents, etc. tout ça va forger des récits, qui ont très peu de choses à voir avec le réel mais vont se greffer par-dessus le réel comme filtres et comme des histoires auxquelles on va croire, de manière automatique, sans le recul de savoir qu’on se raconte des histoires et donc sans la possibilité de choisir quelle histoire on se raconte ! Et pourtant cela change tout d’être aux commandes des histoires qu’on se raconte (nous verrons cela avec la fréquence du Rêve subjectif).
Le réel objectif permet à un moment de dire « hop hop hop, je suis en train de me raconter une histoire, mais c’est quoi les faits ? C’est quoi qui est concret ? » (qu’on crée). Quand j’épure l’expérience de ce que je m’en raconte, qu’est-ce qu’il en reste ? Cette pratique de regarder le réel ainsi va permettre de simplifier plein de choses, de prendre de la distance, d’être moins dupe de tous les récits, des rôles des sous-personnages qui se sont greffés sur l’identité et qui tour à tour veulent prendre le devant de la scène, le poste de sujet, alors qu’en fait ils compliquent le réel et le squattent. Ça c’est par rapport à soi-même.
Il y a aussi d’autres choses par rapport à soi qui viennent ajouter de la complication. Sur motifs et récits, désirs et récits, la psyché est dotée d’une petite zone consciente, et d’une immense zone inconsciente dans laquelle il y a aussi le subconscient.
Quelle est la différence entre l’inconscient et le subconscient ? Le subconscient est une partie de l’inconscient ; l’inconscient est plus vaste et va regrouper tout ce qui échappe à un moment donné à la conscience de surface. Il comprend plein d’influences, plein de réception d’informations qui sont traitées en souterrain, triées, discriminées, ordonnées, pour la plupart considérées inappropriées, inutiles, et donc ne vont pas arriver jusqu’au seuil de la conscience. L’inconscient est un endroit de programmation par défaut, de comportements, de circuits de pensées, de réponses, qui se font en arrière-plan, automatiquement, et ne passent pas par la délibération et la décision conscientes. Dans l’inconscient, ce n’est pas forcément que c’est immoral, tabou ou réprouvé (ça c’est la partie subconsciente de l’inconscient), mais dans l’inconscient c’est globalement des programmes qui fonctionnent en roue libre sans passer au crible de la décision du sujet.
Notamment parce que du fait du fonctionnement cérébral en mode prioritaire neuronal, l’attention ne peut pas être focalisée à trop d’endroits simultanément, du fait des circuits binaires. Et donc il y a énormément de tâches qui sont déléguées à l’arrière-plan, qui vont se faire dans des circuits d’habitudes, de routine, d’automatisation, ce qu’on appelle le conditionnement, soit parce que considéré comme bien adapté, adopté, validé par le système, et donc ne nécessitant pas une réflexion et un choix. Ça se processe dans des circuits cérébraux et psychiques qui ne requièrent pas la conscience, je pense par exemple à la conduite automobile, une fois qu’elle est acquise après l’apprentissage, ça se fait. L’intégration du savoir-conduire fait qu’après on peut conduire sans avoir besoin de réfléchir et de décider comment conduire. Cela me renvoie à la compréhension que la conscience de surface est une instance qui sert à questionner, quêter, réfléchir, à rêver, à décider. Qu’est-ce qu’on lui délègue comme tâche, à cette conscience de surface, par rapport à d’autres tâches qui sont accomplies sans elle, même si ça passe par le cerveau en tant qu’organe support et même si ça passe par des comportements, des actes, etc. Il y a plein de choses qui sont considérées comme le système par acquises, qui ont été validées, et après ne sont plus mises en question et donc se font en empruntant des circuits déjà créés.
Et puis il y a le subconscient, où là ce sont des informations qui sont importantes, chargées d’énergie et puissantes car ayant des effets sur le comportement, mais tout en étant inaccessibles à la conscience. Le déni et le refoulement sont des dynamiques du subconscient. Le subconscient contient tout ce qui a trait à l’amnésie des souvenirs traumatiques, qui ont créé des chocs au niveau expérientiel puis mémoriel et n’ont pas pu être complètement digérés par la personne, cérébralement, psychiquement, émotionnellement, sentimentalement, affectivement, et au niveau des réponses adaptatives. Ils ont créé un schisme, une dissociation et perdurent dans le subconscient comme des marques, des empreintes, des cicatrices indélébiles, qui saignent en permanence à l’intérieur, qui coûtent de l’énergie, mais qui sont considérées comme trop dangereuses pour la survie de l’équilibre psychique et sont donc mises de côté. La psyché escompte pouvoir les résoudre un jour, et donc dans des temps propices, ou lors de résonances associatives, les ramène à la lisière de la conscience pour voir si le sujet peut les traiter, ce qui permettrait de libérer de l’énergie et de la place.
Une autre grosse partie du subconscient, c’est toutes les pulsions et passions qui sont refoulées dans le déni. C’est ce qui est réprouvé par l’éthique, par la morale de la personne : tous les tabous, les endroits considérés comme le mal par la morale déclarant le bien et le mal, chacun depuis sa conscience voulant faire le bien (à priori, sauf perversion sadique assumée), depuis sa compréhension du bien. Et donc tout ce qui ne convient pas à notre représentation du bien, notamment en termes de pulsions, de désirs, de motifs, est réprouvé par la conscience et donc censuré, refoulé dans le subconscient, désormais inaccessible.
Le problème, c’est que bien que refoulé dans le subconscient, c’est quand même actif ! Car la pulsion, le désir, le motif sont toujours dotés d’énergie dynamique disponible ayant nécessité de se défouler, et cherchent à obtenir satisfaction. Mais c’est actif, opératif, effectif en souterrain : ça génère une partie de nos décisions, de nos choix, de notre positionnement mais sans qu’on ait consciemment la main dessus, et c’est cela qui va générer – outre d’éventuels symptômes de pathologies mentale et psychosomatique – notamment des autosabotages, des ambivalences, des attitudes incohérentes, chaotiques, qui sont les conséquences de conflits internes, et ont pour résultat qu’on ne va pas avoir une attitude congruente, une continuité harmonieuse et claire dans l’expression de l’ensemble de nos motivations.
Et donc on va se mentir à soi-même ! Ce qui a été censuré, placé dans le refoulé, l’a été depuis une décision psychique qui ne se prend pas au niveau intellectuel, c’est fait de manière automatique, par des programmes actuels du cerveau humain. L’épigénétique consciente peut changer ces programmes, c’est ainsi que nous œuvrons avec les fréquences et les élixirs afin d’évoluer profondément et véritablement en Présence, Conscience et Puissance.
On appelle déni le filtre qui va voiler à soi-même un ensemble de pulsions taboues, de motivations répréhensibles, voire de comportements et attitudes qu’on adopte sans même en être conscient. Le déni est ce qu’on appelle une résistance, une force du système de défense psychique qui va s’opposer au réel pour se protéger.
Toutefois, comme ces pulsions sont actives, qu’elles ont des effets sur l’expérience, de temps en temps elles affleurent à la lisière de la conscience, donc il peut y avoir des moments de presque complicité avec elles. Et puis ensuite ça replonge et ça disparaît de nouveau de la conscience, qui bascule dans l’incapacité et le refus de se voir à ces endroits-là, parce que cela ne correspond à l’image qu’elle a d’elle-même en tant que conscience et en tant que ce qu’elle veut être, par rapport à sa morale.
Tout cela construit un faux-self, une vanité, et une duplicité : une double loi, qui est qu’on va obéir à la loi de sa conscience morale, voulue comme présentable et convenable, et à la loi de son subconscient refoulé. Cela constitue le mensonge par rapport à soi-même. Et voir le réel objectif vis-à-vis de soi-même va permettre petit à petit une introspection lucide des motifs inconscients. C’est quelque chose qui n’est pas du tout agréable, et même potentiellement dangereux, et qui est cependant absolument nécessaire et salutaire…
C’est désagréable et dangereux car cela vient toucher à toute la construction de l’identité, à l’équilibre compensatoire psychique, et toucher à cet équilibre c’est prendre le risque de l’ébranler voire de l’effondrer, de basculer dans des sentiments et des attitudes profondément délétères plutôt que bénéfiques. Par exemple du désespoir, du cynisme, du dégoût de soi, de la honte, de la culpabilité destructrice, du découragement, de l’à-quoi-bonisme, de l’effroi vis-à-vis de soi-même. C’est l’épreuve de regarder Méduse en face… Cela peut sembler une catastrophe de révéler le masque identitaire de vanité, le faux-self, la prétention à être juste et complètement impeccable parce qu’on ne voit de soi que ce qu’on veut voir de soi. Et pourtant, cela est faux, car ce qu’on ne veut pas voir de soi existe quand même en soi et agit en souterrain.
Aller éclairer et clarifier cet endroit-là, qui constitue un équilibre compensatoire plus ou moins tenable mais qui permet quand même un équilibre, génère un risque de décompensation, d’effondrement, d’ébranlement psychique, donc cela requiert de la prudence, de la bienveillance, l’écoute et le respect des résistances, des balises et limites à ne pas franchir (les garde-fous !).
Cela n’a de possibilité d’être bénéfique que lorsque cela se présente de soi-même, jamais en y allant par bravade ou en forçant : cela signifie que les portes du subconscient sont prêtes à s’entrouvrir pour décharger une part de ses activités en la transférant vers la conscience afin que cela soit traité, élaboré, intégré.
On travaillera donc toujours avec ce qui est actuel, qui affleure, qui est prêt à être conscientisé. Cela on va le discerner quand la psyché se déclenche, par des rêves, des associations d’idées, de l’inspiration, ou bien par des troubles psychiques comme des obsessions, des phobies, ou des pans de souvenirs (vrais ou faux) et de fantasmes qui se révèlent.
C’est important d’avoir la conscience objective que le domaine refoulé existe en chacun de nous, que c’est forcément là, que nul n’y échappe en tant qu’être humain, même si la plupart n’envisagent même pas qu’ils ont une vie intrapsychique tant le refoulement est contenu.
En préalable, on va soutenir et développer d’abord l’éthique, qui va renforcer l’alignement de la conscience, qui décide de la qualité, du beau, du bien, du bon ; on va aller renforcer cela tout en sachant qu’il existe en nous des motifs souterrains qui n’y sont pas conformes, et petit à petit, étape par étape, on va les éclairer quand ils commencent à se présenter, traverser l’inconfort que ça génère de les voir, et ensuite les aligner sur la motivation principale consciente éthique, les faire devenir des forces qui vont obéir à la conscience et au choix. Mais cela demande un énorme travail interne et demande d’être fait avec beaucoup de conscience, de bienveillance vis-à-vis de soi-même et de s’aider de toutes les vertus, toutes les fréquences qualitatives piliers au service de cette œuvre salutaire mais très délicate. En balisant son parcours, en se dotant d’alliés, de référentiels solides, de motivations conscientes puissantes, et en persévérant dans un processus long et non linéaire, tout en s’accordant les pauses nécessaires.
C’est l’épopée la plus courageuse et valeureuse de la vie humaine, en ce sens qu’elle va nous faire sortir du mensonge, et advenir bien plus fort, mature et véritablement vivant.
Tout ce processus permet que petit à petit on devienne de plus en plus sujet, de plus en plus capable de décider consciemment, de faire un choix éclairé et motivé, depuis son propre centre, de plus en plus fort au fur et à mesure qu’on va récupérer les motifs souterrains, sous-jacents et les aligner à notre motif principal conscient. La congruence se construit par cette réappropriation de ses forces internes.
Cela construit le Sujet être humain, vivant en Présence, Conscience et Puissance.
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